La Métropole du Grand Paris vient de décider le report de sa Zone à Faible Emissions en 2023. Cette décision est révélatrice d’une réalité : dans le cadre du dispositif actuel, la ZFE est inapplicable.
1,7 millions de véhicules sont concernés en Ile-de-France et risquent d’être interdits de rouler à court terme. Ils appartiennent pour une très grande partie à des ménages des catégories populaires. Ils n’ont pour la plupart pas les moyens d’acheter des véhicules électriques, très chers, qui bénéficient de primes à la conversion de l’Etat. Les montants qui leur restent à payer sont souvent beaucoup trop élevés.
Il faut absolument améliorer la qualité de l’air dans les grandes villes françaises. Mais cela ne doit pas se faire en excluant les classes populaires.
Pour que les propriétaires de vieilles voitures puissent les changer, il faut les aider réellement. Il faut une prime à la conversion allant jusqu’à 10 000 euros et qu’elle permette d’acheter des véhicules qui soient accessibles financièrement et disponibles en nombre : des voitures d’occasion essence de Crit’Air 1 ou 2.
Cela coûte évidemment de l’argent, à terme plusieurs milliards d’euros à l’échelle du pays. L’amélioration de la qualité de l’air est à ce prix.
Pour financer ce budget, je propose de mettre en place un malus automobile au poids comme l’a proposé la Convention Citoyenne pour le Climat, à partir de 1,4 tonnes. Les acheteurs de Porsche Cayenne financeront ainsi les aides aux classes populaires pour qu’elles roulent dans des voitures plus propres.
Il y a urgence. 10 millions de voitures sont concernées d’ici 2025 dans les 45 métropoles concernées par les ZFE.
Il y a urgence également à prendre de nouvelles mesures pour la qualité de l’air. Aujourd’hui, les particules issues du freinage représentent 40% des émissions de particules fines des véhicules neufs. Il existe des systèmes de récupération à la source de ces particules. Il faut que leur installation devienne obligatoire dans tous les véhicules neufs en France. Cela doit aussi être le cas en Europe : l’installation de tels dispositifs doit faire partie des préconisations de la norme Euro 7 qui doivent être annoncées par la Commission Européenne en avril prochain.
Fabien Roussel
Le 3 février 2022