TÉLÉCHARGER LA LETTRE AUX PERSONNELS DE L'ÉDUCATION
Madame, Monsieur,
Tout d’abord je veux vous remercier pour votre engagement au quotidien dans votre métier, et la place indispensable dans la société qui est la vôtre. Si l’école publique tient encore debout, c’est grâce à vous, à votre expertise professionnelle, à votre engagement auprès des jeunes.
Grace à votre travail, à votre attachement à des objectifs d’émancipation pour toutes et tous, par l’acquisition de savoirs et de compétences et le développement de l’esprit critique, le service public d’éducation permet une élévation du niveau de connaissance de notre jeunesse et l’obtention de diplômes reconnus. Cependant alors que les inégalités sociales croissent, que la précarité touche des familles toujours plus nombreuses, les politiques successives ont réduit les moyens matériels et humains de l’école publique, rendant de plus en plus difficile sa tâche de démocratisation des savoirs.
L’individualisation des parcours scolaires a produit et renforcé les inégalités sociales de réussite scolaire. Les cinq dernières années ont accéléré une régression de l’école dans le sens de cette individualisation des parcours qui met les élèves en concurrence. L’objectif politique est simple, répondre aux besoins du capital avant de répondre à ceux de la société et de la jeunesse. Il s’agit de former des salariés adaptables aux exigences de l’entreprise, réduits à des tâches d’exécution, privés des reconnaissances permises par un diplôme commun.
CE N’EST PAS LE SENS DE VOTRE MÉTIER, DE VOTRE ENGAGEMENT QUOTIDIEN : c’est pourquoi je m’adresse à vous pour qu’ensemble, avec les élèves, les familles et l’ensemble de la société, nous portions une autre ambition pour l’éducation nationale.
Je porte un projet de transformation de la société au cœur duquel l’école tient une place centrale. Le savoir est un pouvoir qui doit être partagé ! C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de porter dans la campagne présidentielle l’ambition d’élever le niveau de connaissance et de qualification de toute la jeunesse, de construire une culture commune de haut niveau. Pour cela, notre pays a besoin d'un service public national d'éducation renforcé, dans lequel l'ensemble des personnels au sein des équipes pluri-professionnelles est protégé par un statut de la fonction publique, garantie de l'égalité sur tout le territoire et de la qualité de l'éducation.
Le lycée professionnel est attaqué depuis de trop nombreuses années, il est le parent pauvre, avec l’enseignement agricole public, de l’enseignement secondaire alors que presque un lycéen sur deux acquiert une formation dans ces établissements. Il faut en finir avec ces attaques qui conduisent à ouvrir des pans entiers de formation au secteur privé et au patronat. Il faut restaurer l’enseignement professionnel, indispensable à notre pays pour former des citoyens qui exerceront des métiers utiles, nécessaires comme le montre la crise sanitaire que nous traversons.
Je propose d’ouvrir des formations, de restaurer des CAP pour toutes les filières du bac et de créer une indemnité versée aux lycéens de la voie professionnelle : ainsi, l’apprentissage ne sera plus un choix par défaut, guidé par besoins financiers, et nous donnerons à tous les jeunes les moyens de rejoindre une formation qualifiante et ambitieuse.
J’ai une conviction, tous les élèves sont capables d’apprendre, de s’approprier les savoirs complexes qui leur permettront de comprendre le monde et d’agir pour le transformer… à condition que l’école soit transformée pour s’attaquer résolument aux inégalités sociales de réussite scolaire. C’est pourquoi je propose de donner plus de temps aux élèves pour apprendre, en revenant sur les réformes qui ont réduit le temps scolaire. Je ne veux pas pour autant alourdir encore la charge de travail des enseignant-es : au contraire, je veux libérer du temps dans votre service pour que vous puissiez travailler en équipe, vous former, prendre du recul ; et vous donner le temps, en classe, de varier les activités, de résoudre les difficultés, en sortant de la course permanente à l’évaluation. Il faut en finir avec le règne des injonctions inapplicables, la course contre le temps permanente.
Cela implique de recruter massivement des enseignant·e·s et des personnels. Mais comment recruter rapidement des personnels qualifiés quand les métiers de l’éducation traversent une crise sans précédent ? Il y a urgence à rattraper les pertes de salaires imposées ces dernières années, je propose le rattrapage du gel du point d’indice soit près de 30% de hausse de revenus. Il faut également améliorer les conditions d’exercice de vos métiers mais aussi à réaffirmer leurs sens, votre rôle indispensable dans notre société. Je veux créer rapidement un dispositif de pré-recrutements sous statut de la fonction publique pour permettre aux jeunes qui veulent enseigner une entrée sereine dans leur métier : rémunérés, protégés par un statut, ils seront formés jusqu’à être titularisés à bac+5. Nous avons besoin de votre expertise ! C’est pourquoi nous voulons rendre aux enseignant·e·s et à l’ensemble des personnels la maîtrise de leur métier : par un fonctionnement plus démocratique à tous les niveaux, et par une relance de la formation initiale et continue.
Je vous adresse ici mes propositions, celles de mon parti pour faire de l’école ce lieu d’émancipation qu’elle doit redevenir et non ce que les politiques libérales veulent imposer : une école de la sélection sociale, soumise à la déréglementation et à la pression sur les personnels et ayant renoncé à l’ambition d’une culture commune pour toutes et tous.
Je ne veux pas vous imposer de nouvelles réformes qui viendront s’ajouter aux autres : je veux travailler avec vous à redonner à notre école les moyens de remplir sa mission : celle de permettre aux citoyennes et aux citoyens de demain de maîtriser leur avenir, de choisir librement leur parcours, de participer aux décisions qui engagent leur pays, de construire ensemble l’avenir de la planète. Je sais que c’est le sens de votre engagement : je veux vous assurer que c’est aussi le sens du mien